samedi 28 avril 2012

Exposition Espace Noir / St-Imier

A kaleidoscope of nothingness…

 (graphisme affiche : Julien Métille)

Du 3 mai au 3 juin 2012

Espace Noir



St-Imier

Vernissage : 3 mai

Lecture (Dejan/Yonni) et musique (Spieli et Julot)

Vendredi 25 mai :

Clinical Path (dans le cadre de la soirée de soutien au freak show)

Au plaisir, keep rocking

jeudi 26 avril 2012

ROCK ALTITUDE FESTIVAL

Le Rock Altitude Festival 2012 se dévoile…


Jeudi 16 août :

NADA SURF
KILL IT KID
IMERUAT PLAYS FINAL FANTASY
The Shit
Wellington Irish Black Warrior
Kunz
Clinical Path

Samedi 18 août :

MOGWAI

www.rockaltitude.ch
http://blog.rockaltitude.ch

"rock n roll ain't noise pollution"



jeudi 19 avril 2012

Hommage à Dan Fante

Hommage à Dan Fante

 (photos Kit Brown, 12 avril 2012)

« What
you
think
you
know

is just that

thought… and bullshit

What
Really
 Is

Is what your experience

What
 Actually
 Touches
 Your
 heart »

Dan Fante – 3-22-07[1]

1)    Dan Fante, humain, trop si, humain 

Quelque part en Franche-Comté, un samedi matin pendant les vacances de Pâques… un petit village de 4000 habitants au doux nom de Saint-Vit… une magnifique médiathèque… une lecture débat de Dan Fante, Willy Vlautin et Adam Langer… un bluegrass venu d’un autre temps, un joueur d’harmonica aux moustaches improbables… Dan Fante dans un village qui s’appelle Saint-Vit ? Même dans un de ses poèmes, on prendrait ça pour une hallucination.

-          Vous vous y connaissez en bêtes ?
-          Pardon ? dis-je interloqué, dirigeant mon regard d’où provient la voix…
Un homme d’une cinquantaine d’années assit non loin de nous agite sous nos yeux un petit bocal ouvert duquel un Alien de poche essaye de sortir. Un scarabée dégueulasse, poilu, plein d’antennes, de pattes crochues… l’enfer en miniature ! L’homme répète
-          vous vous y connaissez en petites bêtes ?
-          pas du tout, qu’est-ce que c’est que ce truc ? dis-je en pensant ; ferme ce putain de bocal
De nulle part, un autre mec surgit, regarde le bocal, le Satan sur patte qu’il renferme et dit :
-          bien sûr je suis entomologiste ; c’est un méloé.
-          C’est quoi ? c’est dangereux ou je peux le remettre dans la nature sans autre ?
-          Non, non, c’est un méloé, une sorte de coléoptère, c’est complètement inoffensif dit l’entomologiste
On se regarde avec mon amie, persuadés que la réalité s’est enfuie… On est dans un village perdu qui possède une médiathèque superbe et Fante est vraiment-là, Vlautin et Langer aussi. Leurs éditeurs sont là aussi, des gens de tout âges et ce putain de bluegrass ; et ce putain d’harmonica ! Et alors que la lecture s’apprête à commencer, voilà cette scène sortie tout droit d’un film… Saint-Vit n’a aucun sens…

« Sometimes
for me
on the border between
reality and insanity
stands
my
pen »
Dan Fante – Playing it safe[2]

Le débat commence… après une brève présentation par l’organisatrice, Fante s’apprête à prendre la parole, il enlève son chapeau, s’éponge les yeux en soulevant ses petites lunettes. Il commence par dire avec émotion, en parlant des musiciens, que ces gens lui brisent le cœur. Il se lève et va chaleureusement les serrer dans ses bras. Quelques minutes auparavant, assis sur une chaise, Dan Fante semblait seul au monde en écoutant ces airs transmis d’une génération à l’autre, réinterprétés ici d’une bien belle façon. Le poids de l’histoire… la tristesse du blues… comme si au lieu d’être à Saint-Vit en 2012, il était dans une époque qu’il n’a pas vécue… en 1933 ; une mauvaise année… peut-être était-il ailleurs, dans un souvenir que lui-seul pouvait palper… Puis Dan Fante va parler de son parcours, de sa dépendance à la vie, à l’écriture, à l’alcool… Drôle et impressionnant à la fois, sensible et grave… le corps trapu et marqué par la vie qu’il a traversé, mais dont il jaillit une fraîcheur et une énergie incroyable. Une sorte de boxeur au cœur tendre dont la vie et l’œuvre s’entrecroisent et dépassent l’entendement, ensemble et séparément.

 
Why me ? « I guess it is because I had something to say » dit-il sa voix grave montant dans l’émotion à la fin de la phrase. Il y a chez cet homme une profondeur humaine insensée. Ce quelque chose qui mélange l’expérience endurée et une forme de sagesse exemplaire, une connaissance étendue du phénomène humain, de cet enclos du corps et de la relation… de la filiation aussi. Venu en France pour la sortie de son mémoire Dommage Collatéraux-L’héritage de John Fante chez 13eNote Editions. Il parle souvent de son père car on lui pose tout le temps la question, mais il parle souvent de son père car comment on fait pour être le fils de John Fante ?

« Je me suis dirigé vers le lit, j’ai pris une main. Doigts courts, épais. Main marteau. Je me souvenais de ces doigts. Je me rappelais qu’une fois je m’étais dit que Michel-Ange devait avoir ce genre de mains et de doigts. Les moignons de mon père avaient jadis formés les mots inestimables jaillis de sa machine à écrire, sur des hectares de montagnes de papier, un fleuve de droiture et de souffrance qui était devenu l’œuvre de Jonathan Dante. Les romans de Dante. Et maintenant la rivière était à sec. J’ai penché la tête et posé la main sur ma joue, dans l’espoir de parvenir à parler à ce fantôme. Mais rien n’est sorti de ma gorge. »
Dan Fante – Rien dans les poches[3]

            Un père qu’il ne s’agit pas de « tuer » mais à qui il a pardonné son tempérament colérique et sa violence, ses excès et la méchanceté gratuite envers les désirs d’écriture du fils. Bien qu’il ait souffert de cette prédisposition à l’échec et à la nullité proclamé par son père, Dan Fante semble plutôt se souvenir de l’homme et de son œuvre. Comme si les textes que John Fante a laissés - au-delà d’éclairer la vie qu’il menait - remplaçaient ce qu’il n’arrivait pas apporter autrement à ses proches. Une vie et une œuvre ; un héritage qui a servit de modèle pour Dan… une autre forme de relation maître-élève, mais cumulée à des liens de sang. Une relation duale qui peut éclairer les liens entre l’œuvre de Dan Fante et les livres d’Hermann Hesse dont il cite fréquemment le Demian. Si une amatrice de lecture devenue par la suite sa petite amie avait conseillé ce livre à Dan, on peut tenter de superposer les oscillations entre l’émerveillement et la répulsion qu’éprouve Emil Sinclair pour Demian à la relation de Dan Fante à son père… Mais comme le dit Dan dans la dédicace à Dommage Collatéraux :

« Les démons sont tous partis –
Des échos guère plus,
Dans une pièce récemment repeinte.
Ne subsiste que mon amour. »[4]

            Une des deux autres citations ouvrant le livre est un extrait de It’s alright ma’, I’m only bleeding  de Bob Dylan, comme un message adressée à Joyce Fante. Cette femme exemplaire qui a enduré et soutenu le grand écrivain toute sa vie. Elle a par exemple tapé à la machine à écrire Rèves de Bunker Hill alors que John Fante était aveugle et amputé. L’allusion à la chanson de Bob Dylan montre que John a laissé des traces - peut-être des cicatrices - mais pas de cauchemars. Il est d’ailleurs omniprésent dans les écrits de son fils, comme un modèle ou une énergie qui passe et sur laquelle s’appuyer, comme un hommage aussi, car John Fante est uns de ces génies maudits que la société a consacré trop tard. Si la liste est longue depuis Antonin Artaud à John Kennedy Toole, l’auteur de Rêves de Bunker Hill et Demande à la poussière a aussi souffert d’un trop grand ressentiment à l’égard du monde. Une frustration telle car il n’a pas eu assez tôt la reconnaissance qu’il méritait, se retrouvant coincé dans un milieu hollywoodien infecte à ses yeux, écrivant des scénarios minables et s’énervant en voyant les adaptations de ses romans.

« La pensée m’est venue que maintenant, je commençais à comprendre ce que j’avais vraiment perdu en perdant mon père et que rien ne le remplacerait. (…)
Envolés ses rêves. Des histoires et des livres que personne n’avait lus, tout ce qui pour lui signifiait la vie ne serait jamais publié. Jamais il ne connaîtrait la gloire. La pure beauté de ses mots et de ses rêves était morte avec lui au fond de son secret. Fini cette rage contre Dieu et la vie. C’était un artiste, un humain unique, mais qui le saurait jamais ?
C’est pour lui que j’écris, que je noircis du papier. Puisse-t-il se vendre et faire savoir au monde qu’il faut lire mon père, grand écrivain, poète, sublime et beau dans sa perdition. Jonathan Dante. »
Dan Fante – Rien dans les poches[5]

Son fils lui rend magnifiquement hommage à travers une œuvre lui étant propre mais dans laquelle scintillent les souvenirs… d’ailleurs il chante avec des accents à la Tom Waits :

« Oh, Dieu
tu es là et si fort
en cet instant
pas possible que tu sois mort »[6]


2) « I write because I hate America »

« Les écrivains que je connais
Dis-je
En reculant ma chaise pour éviter un possible uppercut
Affrontent la bête tous les jours
Vivent et meurent en crachant leurs tripes
Ne lâchent jamais l’affaire
Tant que le monstre qu’ils ont engendré et porté
N’a pas englouti toute sa viande et demandé un cure-dent»
Dan Fante – De l’alcool dur et du génie[7]

« From Selby I’d learned to spill my guts and open my heart on paper
And to become not just another mouth in search of a scream »
Dan Fante – Hubert Selby Jr – 4-27-04[8]

« Sur l’étagère derrière le bureau, j’ai trouvé un exemplaire de La faim de Knut Hamsun. Le livre, disait mon père, qui l’avait poussé à devenir écrivain. »
Dan Fante – Rien dans les poches[9]

      Un groupe de lycéens très chanceux et deux intrus tout autant chanceux auront le privilège d’entendre Fante parler de son rapport au texte et à la vie, de sa haine de l’Amérique. Les élèves peuvent lui poser des questions et l’entendre lire des extraits de son recueil de poème A-gin-pissing-raw-meat-dual-carburator-V8-son-of-a-bitch-from-Los-Angeles.


Il dit que oui ses livres sont autobiographiques et qu’il en a chié dans son combat avec l’alcool par exemple ou avec les hallucinations dues aux tentatives de sevrage. Il dit devant une élève riant nerveusement que oui, il s’est masturbé dans l’avion avant de répandre son sperme sur la bouche de sa femme endormie. Il parle de son frère, qui était alcoolique aussi et qui en est mort. Il explique que les interventions de l’horreur absurde sont présentes dans ses romans pour exprimer la folie et l’alcoolisme du narrateur, que sa folie s’accrochait à lui comme un Alien dans les films. La monstruosité de l’addiction et de l’errance est récurrente dans les livres de Dan Fante, dans ces textes qui témoignent d’un passé aux embûches multiples. La dépendance et sa circularité malsaine, ce qui l’entoure et le caractère nietzschéen de sa répétition… les jobs de merde, les tentatives de suicide, les sevrages infructueux, les divorces et les scandales, les proches qui sont morts ou les laissés pour compte en tout genre…

« Elle m’a parlé de sa mère, serveuse dans un bar, de sa grande sœur, deux pochardes. De ses deux avortements aussi. De ces choses moches, tristes et stupides, qui arrivent quand on est à la rue et qu’on se débrouille comme on peut – des histoires que j’avais déjà entendues des centaines de fois dans les cures et les quartiers de haute sécurité des asiles d’aliénés. »
Dan Fante – Rien dans les poches[10]

Il va évoquer les écrivains qui l’ont influencé dont Hubert Selby Jr et ce Last Exit to Brooklyn qui a changé son existence, Henry Miller ou Céline. Dan Fante parle de son père et de Bukowski dont il dira qu’il n’aime pas particulièrement les romans mais qu’il était un excellent poète. Il demandera aussi si quelqu’un a réussi à finir Sur la route, car c’est quand même chiant bien que Kerouac était un grand aussi. Un magnifique poème de Kissed by a fat waitress rend d’ailleurs hommage à ce bon vieux Jack. Tous les écrivains qu’il évoque s’acharnaient aussi à appréhender leur perception de ce monde et de sa chute à venir. À travers un portrait des marginaux que l’on croise durant une vie d’errance, à force d’échecs répétitifs et de rêves récurrents, Dan Fante comme ses modèles, peignent le tableau désenchanté du monde des vivants, des humains !

« Il en fut toujours ainsi, il en sera toujours ainsi; la puissance et l’argent, le temps et le monde appartiennent aux petits, aux mesquins, et les autres, les êtres humains véritables, n’ont rien. Rien que la mort. »
Hermann Hesse – Le Loup des Steppes

« Dans ma vie, j’ai eu la chance de connaître personnellement mes trois principales icônes littéraires : mon père, Charles Bukowski et Hubert Selby Jr. »
Dan Fante – Dommages collatéraux[11]

Ecrire est une nécessité, un combat, un non-choix, pour Dan Fante et pour ceux qui l’ont influencé, comme pour ceux qu’il influence : Mark Safranko ou Tony O’Neill par exemple. Ecrire est une quête où l’on se découvre, un espace où laisser remonter à la surface les aspects dérangeants ou inavouables de son être. La vie est comme un livre d’Hermann Hesse semble-t-il dire, une sorte de recherche du satori, une variation sur le vide auquel on aspire. Devant les élèves, Dan Fante insiste sur cette idée qu’il faut trouver quelque chose qui nous tient aux tripes et s’y consacrer. Mais la quête est longue et semé d’embûches. Il dit que la vie est une tentative pour devenir un vrai être humain, même si au final on ne sera pas plus avancé.
D’une certaine façon, l’exploration du réel que fait Dan Fante peut faire penser au Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes de Pirsig où un narrateur appelé Phèdre, ancien professeur de philosophie partit à la recherche du bouddhisme et revenu en Occident voyage en moto avec son fils et des amis. Phèdre recherche « la qualité », qui pourrait être le vide du bouddhisme, puis il se rend compte que la « qualité » est en fait un pâle héritage de Kant. Il éprouve la difficulté d’accès à cette sagesse que doit accepter l’homme occidental. Une « qualité » ou une « vérité » à laquelle il ne peut parvenir mais dont la quête et le tourbillon circulaire de son développement suffisent amplement.

« L’illumination ! La Qualité, la Vertu, le Dharma, voilà ce qu’enseignaient les sophistes. Ni le relativisme éthique ni une vertu idéale – mais l’aretê, l’excellence, le Dharma. Avant le Temple de la Raison. Avant la substance et la forme. Avant l’esprit et la matière. Avant la dialectique elle-même. »
Robert M. Pirsig – Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes[12]

3)    Dan Fante ; writer class hero :

« C’était la mi-décembre à L.A., un vent chaud soufflait du désert. Déjà plus de 30 degrés au niveau du bitume. D’ici le coucher du soleil, j’allais encore perdre trois ou quatre litres de sueur. Douze heures sur mon siège à gagner ma croûte dans un taxi sans clim. »
Dan Fante – Régime sec[13]

     
     La recherche de la « qualité » n’a pas été sans embûches pour Dan Fante. Il y a d’une part cet héritage familial et les dégâts causés par l’alcool, d’autre part il y a l’acharnement à devenir un écrivain. Chauffeur de taxi, de limousine, vendeur par correspondance et même détective privé, Dan Fante a fait autant de boulots qu’il a pris de cuites. Sujet comme son père, son frère ou son grand-père à un alcoolisme violent et ravageur, il a du faire face et tenir, tenter de s’en sortir et replonger. En tant que petit-fils d’immigrés italiens dans l’océan de souffrance qu’est l’Amérique du XXème siècle et en tant que témoin d'une famille se détruisant, Dan Fante a dès le départ eu une conscience de la lutte. Une vie et une société impitoyable et dégénérée, un flux chaotique qu’il s’agit d’accepter à mesure des points dans la gueule que l’on reçoit.
Il a commencé à écrire tout en jetant systématiquement ses poèmes, se persuadant de sa condition d’un écrivain raté. Du coup seul l’alcool mettait entre parenthèse les monstres errant dans son corps.

« Je voulais apaiser le tumulte dans ma tête mais rien n’y faisait. Mon cerveau continuait à hurler. Impossible de l’arrêter. Impossible de dormir. L’alcool atténuait l’intensité du délire, mais ne me délivrait pas de mes angoisses et du dégoût de moi-même. Finalement, à bout de nerfs, j’ai avalé le flacon d’antidouleurs. J’espérais me tuer et faire cesser le vacarme sous mon crâne. J’ai fini par dégueuler dans mon lit et me chier dessus. C’était la première d’une longue série de tentatives de suicide provoquées par des bouffées incontrôlables de haine de soi que l’alcool exacerbait. »
Dan Fante – Dommages collatéraux – L’héritage de John Fante[14]


      Mais le besoin d’écrire était plus fort, la flamme des mots brûlant quelque part dans cet organisme tremblant et en proie au délirium tremens. Tant la volonté et l’acharnement que ce calme relatif trouvé après vingt ans d’ingestion éthylique massive, amènent Dan Fante à écrire quelques uns des plus grands textes de la littérature contemporaine. La colère d’un homme et les douleurs qui le traversent finalement transposées dans l’incandescence d’une écriture unique, brutale et sans concessions… De Rien dans les poches aux poèmes en passant par ce phénoménal Dommages Collatéraux, c’est l’histoire d’un homme se battant, s’enfuyant d’une réalité devenue trop absurde… Toucher à l’universel à travers une expérience individuelle… Dan Fante incarne l’histoire des hommes ayant traversés le vingtième siècle… un homme qui est né pendant que le monde se déchirait… un homme qui a expérimenté la déchirure des hommes et du monde… la profondeur du désastre et du chaos… De cette vie et de cette œuvre ; de cette homme émane la puissance conjointe de la force et de la sagesse, de l’action et de la pensée.

« Twenty-five years ago
sputtering in the july heat
-          in my old Plymouth V8-
I
moved me and all my worldly shit
(four plastic bag)
up Route 5 from L.A.
To
Berkeley

to become a writer »
Dan Fante – Two survivors[15]

La Chaux-de-Fonds, 16-17 avril 2012
photos : Kit Brown, Paris 12 avril 2012





[1] Dan Fante, « 3-22-07 » In. Kissed by a fat waitress, Sun Dog Press, 2008
[2] Dan Fante, « Playing it safe » in. Kissed by a fat waitress, Sun Dog Press, 2008
[3] Dan Fante, Rien dans les poches, 13eNote Editions, Paris, 2011
[4] Dan Fante, Dommages collatéraux – L’héritage de John Fante, 13eNote Editions, Paris, 2012
[5] Dan Fante, Rien dans les poches, 13eNote Editions, Paris, 2011
[6] Dan Fante, De l’alcool dur et du génie, 13eNote Editions, Paris, 2010
[7] Dan Fante, De l’alcool dur et du génie, 13eNote Editions, Paris, 2010
[8] Dan Fante, Kissed by a fat waitress, Sun Dog Press, Northville, 2008
[9] Dan Fante, Rien dans les poches, 13eNote Editions, Paris, 2011
[10] Dan Fante, Rien dans les poches, 13eNote Editions, Paris, 2011
[11] Dan Fante, Dommages collatéraux – L’héritage de John Fante, 13eNote Editions, Paris, 2012
[12] Robert M. Pirsig, Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes, Editions du Seuil, Paris, 1978
[13] Dan Fante, Régime sec, 13eNote Editions, Paris, 2009
[14] Dan Fante, Dommages collatéraux – L’héritage de John Fante, 13eNote Editions, Paris, 2012
[15] Dan Fant, « Two survivors » in. Kissed by a fat waitress, Sun Dog Press, Northville, 2008

mercredi 11 avril 2012

Up and down the horizon - a film by Sabrina Sarabi

“Up and down the horizon”
A film by
Sabrina Sarabi
Inspired by the short story "up and down on the horizon"
Dejan

The red and blue lights are flashing together and separately in a kaleidoscopic procession of madness. The club is packed as hell… a mass of dancing freaks undulating together like a jelly ocean of seafood… clotting themselves… superimposing parts of the body and the floating, immaterial, particles of drunkenness… mechanical sounds mixing with chemical blood…Tremendous rhythmic… the air is full of smell and different tastes… in a sour back throat disguises, the inner feelings come to an illusion by the outside craziness!  They keep drinking, moving, trying to get laid, to get as loose as they can… it’s the absolute grail. The never-ending process to reach instincts… to get rid of thoughts, to keep the mind away. He keeps his mouth tightly closed… the trap of ecstasy! The celebration turns into a skinless routine… a mindless escape from stability… in this place, during a few hours, they can get out of it… of this harmful system as they shout when the shacking stops for a little while. Thousands of bodies moving in a constant wave… extremely different and extremely the same…

The DJ might be finishing his set very soon… the bass are constantly getting louder and harder, the rhythm accelerates, people are in trance… forgetting their minds and throwing themselves with all the instinctive energy they can get… surfing on the pulse of music… dancing and floating like before birth, unconscious of the outside world… in the surge of movement, alive like every time they escape… breathing the essence of Dionysus in the twenty first century… becoming mutating machines… superimposing bodies in an experimental direction… A huge screen is projecting videos on stage… robots dancing underwater… albino rabbits fucking together… bombings and politics images… a Japanese porn animation movie… Arthur Rimbaud’s face… bits of Citizen Cane and 1984… every image erases the other… they jerk very quickly…. And all of a sudden, the music stops at it’s absolute peak of power… a nice trip-hop sound starts, mixed with a soul song, Aretha maybe… lights turn on again… they’re doing a little break before the headliner, the last dj-set of the night… and now the first dj is doing transition, mixing old song… Joy Division with Dj Shadow, Led Zeppelin with Prodigy… He’s happy that the stroboscopic light and the scary images stopped…

-         Hey, it’s mankind… hey it’s awkward…
-         What a hell?
-         Sorry, nothing… did you like it?

What is real at the moment?

Anyway…anyhow? How can he be like that? So far away from everyday communication, from everything anyway…
very far from the matter,
dislocated by the everyday life’s wounds…
a muddy face, not muddy anyway… it looks like it, but from his point of view… and his point of view is distanced from the view he should have…
another way of focusing it… another way of writing about it…

He feels like he’s in a movie… just watching his own body acting in someone else’s story… he never knew much about narrative construction or script writing… scenes are superimposing one after the other… fragments of fictions in the shadow of reality! 

www.upanddownthehorizon.com

Dejan - 2010