mardi 13 mars 2012

pensées floues après la lecture d'un Bukowski inédit...

Charles Bukowski
« SHAKESPEARE N’A JAMAIS FAIT ÇA »
13eNote Éditions

« Qu’on pense aux millions de gens qui vivent ensemble à contre-cœur, qui détestent leur boulot mais craignent de le perdre, pas étonnant qu’ils aient des tronches pareilles. Il est presque impossible de contempler une physionomie ordinaire sans devoir détourner les yeux vers autre chose, une orange, un caillou, une bouteille de térébenthine, le cul d’un chien (…) Je n’aime pas ma propre tronche, je déteste les miroirs ; on s’est égarés il y a très longtemps de ça et on ne retrouve plus notre chemin. Quelle merde, hein, mon frère, que notre merde ait meilleure mine que nous. »
Charles Bukowski – Shakespeare n’a jamais fait ça (p. 173-174)[1]

Chaque fois que je m’apprête à faire une connerie, que j’ai envie de picoler ou de ne pas aller au boulot, à chaque fois que je suis sensé payer une facture ou que je reçois une menace de coupure d’électricité, je me dis ; qu’est-ce que Bukowski aurait fait ? Alors je me bourre la gueule et je ne paye pas la facture, alors j’envoie chier l’entreprise d’électricité. Y’en aura bientôt plus de toute façon… ni argent, ni électricité, ni rien… il restera bien un peu de picole ici ou là et cet inédit de Bukowski.
Alors que le monde part en vrille et que la stabilité n’a jamais semblé si précaire, il y a ce livre enfin et superbement traduit. Un récit de voyage sur le vieux continent, un album photo souvenir. Pour ne pas oublier d’où l’on vient, pour ne pas oublier ce que l’on fuit… écrire comme un malade, écrire sur les malades; l'écriture comme réponse au mal incurable qui ronge notre société...

-          « Quel message je veux faire passer dans mes écrits ? Ben, c’est sensé donner la gaule aux curés… L’Allemagne ? J’y connais rien… Quoi ? Oh, j’aime bien Céline, Kurt Hamsun. Hemingway ? Eh bien, il savait écrire, mais ne savait pas se marrer… Non,  j’ai rien de spécial à dire…»
Charles Bukowski – Shakespeare n’a jamais fait ça (p. 94-95)

Entre les pages incisives du grand écrivain, les photographies enfumées de Michael Montfort fonctionnent comme le négatif de la grammaire. Des photographies ivres ! Bukowski devant la cathédrale de Cologne par exemple… la présence du poète qui éclipse l’édifice religieux…
Mais Dieu est mort et Bukowski s’en fout… il fume une clope en attendant son prochain verre.



[1] Les citations de ce livre émanent de son édition française, parue le 7 mars 2012 chez 13eNote Editions

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